Une brise de fraicheur en plein été, un timide arc-en-ciel
dans un ciel d’orage, un cerisier "sakura" qui évolue au fil des saisons…
Des images empreintes de douceur, de profondeur et de poésie pour décrire ma dernière lecture, je pourrais en citer une multitude, tant le roman de Durian Sukegawa « Les délices de Tokyo » a éveillé de sensations. J’ai découvert un auteur qui manie avec beaucoup de maestria les mots et les expressions pour nous décrire ce que l’on doit voir, ce que l’on doit entendre, ce que l’on doit sentir, ce que l’on peut ressentir…
L’histoire débute dans une banalité presque affligeante mais peu à peu, même s’il n’y a pas de suspense, on se surprend à être touché par le moindre mot, la moindre évocation, le moindre geste des personnages. Tout prend du sens.
De quoi est-il question dans « Les délices de Tokyo » ? En l’occurrence, il s’agit de pâtisseries japonaises, les dorayakis, préparés quotidiennement et sans réelle motivation par Sentaro dans sa petite boutique Doraharu. Un jour, y débarque une petite vieille nommée Tokué, et avec elle, une technique ancestrale basée sur le savoir-faire culinaire, mais surtout l’amour de la pâtisserie.
Evidemment, tout oppose Sentaro et Tokué, mais bizarrement ils vont nouer une étrange et très forte relation. Au point de livrer leurs secrets et le poids de leur passé…
Ce livre m’a immédiatement fait penser à un autre roman que j’avais lu et qui abordait identiquement l’attrait des douceurs sucrées pour servir de prétexte à l’évolution d’une relation entre deux personnages. Par le biais d’une cuisine gourmande et exigeante, les héros évoluent, grandissent, gagnent en intensité grâce au partage, à l’empathie. Ce sont deux romans que j’ai adorés. Et le second roman auquel je fais allusion, c’est « Les douceurs d’Adrien » de Céline Theeuws (voir ma chronique Les douceurs d'Adrien)
Outre le thème de la cuisine, l’auteur Durian Sukegawa développe sur un ton entrainant, fluide et habile, qui se veut clairvoyant et sans jugement, diverses réflexions philosophiques, telles le sens concret de la vie, la difficulté d’évoluer, la fatalité du destin.
Ce que je retiendrai également des « Délices de Tokyo », c’est la plongée dans la société japonaise, dans le train-train d’un petit vendeur tokyoïte, et une fabuleuse immersion dans la culture nippone.
JE RETIENS: Une fable philosophique doublée d'un dépaysement géographique qui nous remet en question et qui nous ouvre les yeux. Souhaitant me renseigner sur cet auteur que je ne connaissais pas, j'ai découvert avec surprise qu'en plus d'être écrivain, il est poète (ok!), philosophe (re-ok!), mais aussi clown (!!!) et diplômé de pâtisserie (sacré CV, non?)
Sinon, dans sa bibliographie, on ne compte que 4 ouvrages et "Les chats de Shinjuku" me tente bien.
J'OUBLIE: Je n'apprécie pas trop ce type de fin (sans dévoiler...)
Le saviez-vous?
Un roman peut se terminer de 7 façons différentes :
1) une fin ouverte laisse libre cours à l’imagination et à l'interprétation du lecteur.
Attention toutefois qu’elle ne suscite un sentiment d’agacement.
2) une fin circulaire revient là où elle a commencé.
3) la fin « coup de théâtre » surprend le lecteur.
Il peut s'agir d'un ultime rebondissement, un renversement de situation.
4) la fin convenue correspond aux désirs du lecteur. Elle rassure et réconforte.
On la retrouve particulièrement dans les contes de fées. C'est le "Happy end"!
5) un fin « suspense » permet de laisser une histoire avec des mystères encore à résoudre et une possibilité d’une suite.
6) une fin qui combine plusieurs de ces types.
7) une fin abrupte et rapide qui déstabilise le lecteur. On la nomme parfois « deus ex machina » pour signifier qu’une force supérieure va résoudre le conflit…