Serez-vous capables d’assembler les différentes pièces
du « Puzzle » de Franck Thilliez ?
Si, comme moi, vous commencez par dénicher les quatre coins puis en second, réunir les
pièces du contour, enfin vous finissez par perdre patience, alors, contentez-vous
de lire le roman et vous laisser entrainer sans réfléchir dans le parcours de
nos jeunes héros, Ilan et Chloé.
Au contraire, vous êtes joueur ? Il n’en faut pas davantage pour vous immerger complètement dans l’aventure de nos deux protagonistes et embarquer avec eux dans ce jeu au nom évocateur de « Paranoïa » et de ses règles pour le moins édifiantes.
Retenez toutefois ceci :
Règle n°1 :
« Quoiqu’il arrive, rien de ce que vous allez vivre n’est la
réalité ! Il s’agit d’un jeu ! »
Ilan et Chloé, passionnés assidus de chasses au trésor, sont prêts à tout pour être sélectionnés et pouvoir participer à cette session extraordinaire de « Paranoïa ».
Et si le jeu avait débuté bien plus tôt qu’ils ne le pensent, et à leur insu ? Ilan et Chloé ne cachent-ils pas des zones d’ombre dans leur passé ? À moins que ce ne soit leur mémoire qui leur joue des tours ? Et si un tueur en série intégrait le jeu, serait-ce encore le jeu ?
Nul doute que ce suspense, avec tous ces doutes, ces mystères, ces rebondissements… nous mène aux confins de la folie. Le cadre s’y prête d’ailleurs parfaitement : nous évoluons dans un ancien hôpital psychiatrique désaffecté, isolé, sinistre.
Le scénario imaginé par l’auteur est bluffant. Il fait preuve d’un talent extraordinaire pour nous inciter à chercher la vérité. Les événements qui s’enchainent avec leurs aléas réels (ou virtuels ?) nous font douter et alterner nos suppositions.
Je suis convaincue par ce thriller haletant et sacrément bien ficelé qui traite de la folie et de l’amnésie et qui nous fait réfléchir aux thérapies en usage dans le courant des XIXème et XXème siècles. N’y pratiquait-on pas les bains surprise dans l’eau glacée, la contention par la camisole de force, les premiers essais de puissants neuroleptiques, des électrochocs, de la lobotomie ?
JE RETIENS: J'ai adoré!
J'OUBLIE: Les faits découverts et repris dans ma rubrique "Le saviez-vous?" ci-dessous.
Le saviez-vous?
La folie d’hier à aujourd’hui :
le patient est souvent moins fou que son médecin !Quelques exemples joyeux :
1) Le docteur Benjamin Rush, premier psychiatre américain, inventa au début du XIXème siècle la chaise tranquillisante. Bien mieux que la camisole de force, cette chaise empêche tout mouvement du patient : la tête est enfermée dans une boite en bois, les poignets, la taille et les chevilles sont également maintenus. Un trou est prévu pour les excréments. Benjamin Rush se vantera d’avoir laissé un patient sur une chaise tranquillisante durant six mois !
2) Ce même docteur Rush utilisait également la méthode du Girator : on installe le fou sur une planche horizontale que l’on fait tourner à grande vitesse. Pensant que la folie était due à un manque de sang dans le cerveau, il ne doutait pas de son efficacité.
3) Au début du XXème siècle, un Italien, nommé Ugo Cerletti, administre les premiers électrochocs, persuadé que la schizophrénie, à l’opposé de l’épilepsie, peut être guérie par l’induction artificielle de convulsions. (Notez que l’électro-convulsivothérapie est encore pratiquée de nos jours.)
4) Que dire de Walter Freeman qui, en 1936, décide de simplifier l’opération neurochirurgicale appelée lobotomie… Pour détériorer le centre des émotions de ses patients, il utilise un pic à glace qu’il insère dans l’orifice oculaire et l’agite de manière aléatoire. Fort de sa technique, il en arrive à aligner des patients afin de battre un record de vitesse.