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- Tu es cynique parce que tu lui en veux toujours.
- Et de quoi ? d’être June ? Pour être tout-à-fait franc, oui,
aujourd’hui elle me fout en colère. Parce que je n’ai pas envie d’être là avec
toi, devant ce putain d’hôpital, je ne veux pas de cette idée que, même
seulement pour quelques heures, ma fille soit orpheline.
- Tu aurais aimé que ça n’arrive qu’aux autres, hein ? répliqua sèchement
Angela. Toi qui as tellement l’habitude de tout gérer, pour une fois les choses
t’échappent ?
- J’aurais préféré que ça n’arrive pas.
- Ce n’est pas la faute de June, Adam !
- Oui, mais de nous quatre, c’est à elle que ça arrive.
Il la regarda, les sourcils levés comme devant une évidence. Il passait
directement à la deuxième étape du deuil, la colère ; rien de ce qu’avait
déjà fait June ne laissant de place à la première, le déni. Elle était capable
de tout, même de mourir.
Quand j’entends « Hôtel California », je pense toujours à
Jimmy Curran qui a fourré sa main dans ma culotte pendant qu’on dansait chez sa
sœur cet été. Il était tout excité, si tu vois ce que je veux dire. Mais je ne
sais pas encore si c’est un bon souvenir.
- Hôtel California, répéta Angela, pensive.
- Cherche pas, c’est les Eagles, pas les Beatles. Tu ne peux pas savoir, tu es
en couple. Pour une célib comme moi, Hôtel California, c’est carrément l’angoisse. Six minutes
de slow – je t’assure, je les ai comptées. Si tu tombes sur le mauvais mec,
c’est six minutes de bave dans le cou, de gourdin dans le pantalon et de
terreur pure.
« Les parents ont peur de nous ? Eh bien, c’est pour les
rassurer qu’on choisit de ne pas rentrer. Parce qu’on est raisonnables. Vous
voyez ces hordes de gens drogués qui prennent le métro ? C’est terrifiant.
Nous, on n’est pas comme ça, on préfère passer la nuit en sécurité chez un
riche étudiant de l’Upper East Side ».
Puis ils retraversèrent le parc
dans l’autre sens, l’ivresse du mensonge faisant battre plus fort le cœur des
filles.
- Margareth Baylor.
June la regardait tranquillement, sans émotion particulière – ni surprise ni
agacement.
Juste comme ça, ce nom qui tombait de sa bouche comme une évidence.
- Putain, June, si tu sais quelque chose…
- A propos de quoi ? Non, je ne sais rien, Angie. C’est juste que cette
fille est ton diable à toi. Elle est le début et la fin. Tu crois que Nick
couche avec Margareth ?
Sonnée, Angela eut un mouvement de recul. C’était si violent, cette question. Verbaliser ses doutes était violent.
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Tout comme Angela et June, j’ai eu 17 ans en 1980. Il
n’en fallait pas plus pour que je plonge dans ce roman. Je dis bien
« plonger », car « Miss Cyclone » est un véritable bain de
Jouvence, une ode à la jeunesse de ces années de liberté et d’émancipation.
Angela et June vivent à New York et sont amies depuis
leur plus tendre enfance.
Une amitié profonde et solide les unit alors qu’elles sont différentes en tout.
Angela est petite, plutôt ronde, d’origine italienne, « fiancée » à
Nick, son voisin de palier dans cet HLM
de Mayflower. Alors que June est longue et fine, d’origine suédoise ;
qu’elle use et abuse de son charme sur tous les garçons et vit dans un quartier
aisé.
Lors d’une soirée passée chez Nick, Angela fait la connaissance d’Adam, tout
jeune étudiant en droit. C’est lors de cette soirée qu’ils apprennent la mort
de John Lennon.
Angela, June, Nick et Adam décident de se rendre à Central Park pour rendre
hommage au chanteur assassiné. Cette journée particulièrement mémorable va leur
faire franchir le cap de l’adolescence… Les épisodes de la vie d’Angela et June
vont dès lors s’enchainer sans jamais altérer leur amitié.
Au travers de ses attachants personnages, l’auteure
Laurence Peyrin nous fait revivre les émois adolescents, les élans amoureux, les
troubles des jeunes adultes, les aspirations et les responsabilités des
parents. Mais au-delà d’une simple fresque de vie et de ses aléas, nous
réfléchissons à nos propres choix de vie, nos certitudes, nos questionnements…
Tout cela dans un contexte historique des grands moments de New York. Une
lecture qui se révèle beaucoup plus profonde que ne le laisse supposer la
légèreté du début.
JE RETIENS: Ce roman n'est pas seulement une tranche de vie, c'est une leçon de vie! Miss Cyclone relate une superbe histoire d'amitié, d'amour... qui se déroule des années '80 à nos jours, crédible, sensible et attachante, qui m'a rappelé quelques réminiscences de ma propre jeunesse.
j'OUBLIE: Surtout rien à oublier!
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