Je vous pose la question : « y a-t-il un
lendemain pour Amande ? »
En ce qui la concerne, la réponse est clairement : NON !
Pour elle, la vie s’est arrêtée ce 21 juin, jour de fête de la musique.
Son
mari, Benjamin, était rentré du boulot et le jeune couple avait projeté de
sortir le soir afin de profiter de l’effervescence musicale locale. Un
malheureux coup de fil, pour une banale histoire de clefs perdues, oblige
Benjamin à reprendre la route. Lorsque deux heures plus tard, on sonne à la
porte, Amande apprend brutalement le décès de Benjamin suite à un accident de
moto.
De manière tout-à-fait indélicate, Amande est directement amenée à l’hôpital
pour reconnaître le corps (ou du moins ce qu’il en reste) de son mari. Mais la
nuit n’est pas finie pour elle, car Amande est enceinte de 7 mois et, à cause
du choc qu’elle vient de subir, son bébé ne survivra pas.
Il n’y a plus de
présent, il n’y a plus de futur…
Amande décide de soustraire au monde et emménage dans une maison isolée en
Auvergne.
Volets fermés, boites de conserve et accumulation de somnifères forment
désormais son quotidien.
Qu’est-ce qui peut sauver Amande ? Le temps, certainement… ainsi que quelques petits événements qui vont peu à peu contraindre Amande à « laisser entrer… » : la découverte de vieux calendriers appartenant à Madame Hugues, l’ancienne propriétaire, qui y notait tous ses conseils pour entretenir son jardin ; la visite inopinée de Julie, la fille de Madame Hugues, une jeune femme pétillante et bienveillante ; un chat famélique qui miaule dans les buissons environnants…
Le thème du deuil, surtout lorsqu’il est pluriel, et
encore davantage lorsqu’il s’agit d’un bébé, est probablement un des plus
difficiles à traiter.
Mélissa Da Costa relève ce défi haut-la-main dans son
roman « Les lendemains ». S’il m’est arrivé de verser une petite larme
à plusieurs reprises, le récit n’est pourtant pas larmoyant et il n’est pas
rédigé de façon à ce que l’on s’apitoie sur Amande. L’auteure décrit le
quotidien et les états d’âme d’Amande avec des mots justes et sensibles.
L’évolution de sa « guérison » (si tant est que l’on puisse utiliser ce terme) est lente, ce qui apporte de la crédibilité à l’histoire.
Les
principaux protagonistes qui partagent le drame d’Amande ont chacun leur vécu
de ce deuil,
ce qui apporte une dimension supplémentaire à la compréhension
d’une telle catastrophe.
Une certaine forme de spiritualité, un attachement
viscéral à la terre, une réconciliation avec l’humain vont permettre à
l’héroïne de « faire son deuil ». Il ne s’agit pas d’oubli, bien au
contraire, il s’agit de construire son nouvel avenir avec ce que l’on a vécu et
avec ceux que l’on a aimés.
JE RETIENS: Cette histoire m'a émue par la détresse de l'héroïne, mais ce récit est empreint de tendresse et au final, est foncièrement optimiste.
J'OUBLIE: Bon, la belle-mère qui offre des boites de somnifères
à sa belle-fille, c’est plutôt moyen, non ? Dans la vraie vie, si elle
avait voulu la pousser au suicide, elle n’aurait pas mieux fait !