Les Hauts de Hurle-Vent

Emily Brontë (Livre de Poche 1974)

La maussaderie que les caresses pouvaient changer en tendresse avaient fait place à une apathie insouciante ; l’humeur contrariante de l’enfant qui s’irrite et se rend insupportable pour se faire câliner était devenue la morosité égoïste d’un invalide invétéré, repoussant les consolations et prêt à regarder comme une insulte la bonne humeur et la gaieté des autres.

Elle a abandonné tout cela sous l’empire d’une illusion, répondit-il.
Elle a vu en moi un héros de roman et a attendu de ma chevaleresque dévotion une indulgence illimitée. C’est à peine si je puis la regarder, comme une créature douée de raison, après l’obstination qu’elle a mise à se forger de moi une idée fabuleuse et à agir d’après les fausses impressions qu’elle se plaisait à entretenir. Mais je crois qu’elle commence enfin à me connaître.
Je ne vois plus les sourires niais et les grimaces qui m’agaçaient au début, ni cette incroyable incapacité de s’apercevoir que j’étais sérieux quand je lui donnais mon opinion sur elle et sur son égarement.
Il lui a fallu un merveilleux effort de perspicacité pour découvrir que je ne l’aimais pas.

Il ne fait pas bon vivre sur « Les hauts de Hurle-Vent » : la demeure est isolée, exposée aux tourments d’une nature sauvage, et surtout occupée par des habitants dénués de toute forme de sociabilité.
Un jeune citadin, Lockwood, s’installe pour quelques mois dans la demeure voisine au pied de la colline et la rudesse de ce qu’il découvre l’intrigue. C’est Mrs Dean, la gouvernante, qui va lui retracer l’histoire peu conventionnelle des propriétaires de Hurle-Vent.

Mais qui est réellement le maître de ce domaine ? Pour le comprendre, il faut retourner dans le passé quand le père Earnshaw ramène un enfant sauvage trouvé sur sa route. Il va nommer cet enfant Heathcliff et l’élever au même titre que son propre fils Hindley et sa fille Catherine. Le père décédé, le fils est amené à lui succéder.
Mais il va peu à peu délaisser le domaine, accablé par la mort de son épouse, avachi par l’alcool et livré aux jeux d’argent; de même, il délaissera son propre fils Hareton.
Quant à Catherine, elle épouse un riche voisin, au grand dam de Heathcliff qui était amoureux d’elle. Celui-ci se retrouve maintenant seul à gérer les Hurle-Vent.
Mais sa rancœur se transforme en vengeance.
Et tous vont en faire les frais.

Ce roman écrit par Emily Brontë au XIXème siècle retrace la saga d’une famille semi-bourgeoise dans le Yorkshire, dans tout ce qu’il y a de plus terre-à-terre. Et même si les héroïnes aspirent au romantisme, on est loin des contes de fées et de toute mièvrerie.
La déchéance infligée à la famille et le sordide de leur quotidien heurtent la sensibilité.

JE RETIENS: Une écriture dense et intense, une tragédie empreinte de romantisme opposé à la dureté des lieux et du personnage principal.
J'OUBLIE: Rien à oublier.

Le saviez-vous?
"Les Hauts de Hurle-Vent" est l'unique roman d'Emily Brontë.
Elle a publié son roman en 1847, mais son succès fut nettement moindre que celui de sa sœur Charlotte qui publie la même année "Jane Eyre". Le génie d'Emily (densité d'écriture, romantisme, construction innovatrice) ne sera reconnu que vers la fin du XIXème siècle.

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# Littérature anglaise, Brontë, Hurle-Vent, Heathcliff