Arthur, ça vous dit quelque chose ?
Galaad/Lancelot, Merlin, Uter Pendragon, Gauvain… vous aurez reconnu les
célèbres héros de la légende du roi Arthur.
Eh bien, oubliez les prouesses viriles, les bravoures guerrières, car Marion Zimmer Bradley nous emmène du côté des femmes. Avec « Les Dames du Lac », on découvre une vision toute en sensibilité des héroïnes qui entourent ces preux chevaliers : Ygerne, duchesse de Cornouailles ; Viviane, prêtresse d’Avalon ; Morgane, la fée ; Morgause…
Toutes sont des femmes au caractère affirmé et au
charisme puissant (quand ce ne sont pas des pouvoirs magiques !) Il est
certain qu’elles ont aussi, en plus des hommes, leur rôle à jouer dans la lutte
qui les oppose aux Saxons et revendiquer leur pays, la Grande Bretagne.
Ne sont-elles pas issues du peuple ancien rattaché aux croyances des
druides ?
Mais la toute nouvelle chrétienté qui s’installe pourrait modifier ce bel équilibre
et anéantir l’unité de leur peuple.
De ce récit, je dégagerai trois particularités :
1) Le féminisme qui émane de cette œuvre n’est pas frappant, et pourtant il suscite une réelle réflexion sur la place de la femme au sein de ces sociétés druidiques (rôle, pouvoir, fonctions, liberté…) En effet, sous l’influence de la religion du Christ, l’image de la femme évolue vers celle qui est à l’origine du péché. Ce poids de la culpabilité va entraver et réduire le statut dont elle bénéficiait.
2) Le recours aux charmes, visions, maléfices… dont usent (ou refusent d’user) nos dames apporte sans conteste une dimension fantastique et renforce l’attractivité du roman. Sans compter que la description des êtres mythiques, des lieux magiques, des rites sacrés nous ouvre les portes de l’imaginaire et du fabuleux.
3) La
conséquence de ces deux premiers aspects aboutit à la complexité des rapports
qu’entretiennent les différents personnages entre eux.
Séduction et fascination
dominent cette lecture.
Ainsi : la jeune chrétienne Ygerne, soumise à son
époux Gorlois peut-elle succomber au charme d’Uter ? Morgane, demi-sœur
d’Arthur, devra-t-elle (à leur insu à tous les deux) s’unir à lui à l’occasion
de la maléfique nuit des feux de Beltane ? Viviane pourrait-elle compter sur
Morgane pour lui succéder à Avalon ? Et enfin, la pieuse Guenièvre, épouse adorée d’Arthur, est-elle prête à
commettre cet immense acte d’amour (je reste floue sur cette question pour ne
pas spoiler) ?
De toutes ces dames, j’ai une préférence marquée pour Morgane à qui l’auteure donne d’ailleurs plusieurs fois la parole. Elle est clairement LE personnage le plus intéressant, le plus ambigu, le plus déterminant : bien qu’elle ne soit pas dotée d’une beauté époustouflante, le mystérieux charme qui émane d’elle, les pouvoirs qu’elle apprend à développer, la réflexion qu’elle suscite, son évolution sentimentale… font de Morgane une protagoniste charismatique tantôt fragile, tantôt fatale !
Il me tarde de connaitre la suite des aventures de Morgane et Guenièvre dans le second tome « Les brumes d’Avalon ».
JE RETIENS: Un récit plein de sensibilité qui m'a complètement séduite.
J'OUBLIE: Grrr! Lors de mes dernières vacances en Bretagne, la tempête Ciaran m'a empêchée de me rendre au Centre Arthurien de Brocéliande pour les festivités de Samain.
Le saviez-vous?
Beltane ou Beltaine (son nom celtique) est une des huit fêtes de la roue de l’année, nommée les huit sabbats. Beltane est un sabbat dit majeur, six mois après Samhain.
Elle avait lieu la première nuit de pleine lune de mai.
Elle marque le début de la saison estivale et est synonyme de rite de passage entre obscurité et lumière, entre torpeur et renaissance spirituelle.
C’est la fête qui marque le changement de rythme de vie.
Les récits insistent sur des feux allumés par des druides, au son d’incantations magiques, sensés purifier et protéger le bétail des épidémies.
Le principal rituel de cette fête consistait à faire passer le bétail entre deux feux. D’autres rituels sont également pratiqués pour protéger les maisons, des danses, des cueillettes, des sauts au-dessus des feux. Il s’agissait d’une fête assez sexualisée durant laquelle les jeunes gens se retrouvaient dans la forêt pour des jeux amoureux.
Beltane est un jour particulier pour le monde magique car cette nuit, la frontière entre les humains, les fées et d’autres créatures est plus mince.
Beltane est une des rares fêtes païennes celtes à n’avoir pas été supprimée par les Chrétiens, bien qu’ils la considèrent comme « la nuit des sorcières », fête de débauche liée au démon. Quelques traditions qui en ont découlé : la parade des poupées de mai, poupées décorées de fleurs ; les buissons de mai, décorés de fleurs et de rubans ; l’élection de la reine de mai ; le mât de mai autour duquel dansent de jeunes filles reliées chacune au mât par un ruban, survivance hautement symbolique de l’union du féminin et du masculin…