Le Montespan

Jean Teulé - Julliard 2010


Qui fut le plus grand cocu de l’Histoire de France ? Non, ne dites rien ! Il y a pléthore…

Je vais donc vous conter la mésaventure de Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan.

Celui-ci, âgé d’à peine 22 ans, fait la connaissance de la toute jeune voluptueuse blondinette Françoise de Rochechouart de Mortemart. Ils tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre et se marient dans la foulée. Gaiement et insoucieusement, ils s’adonnent aux plaisirs de la galipette et du jeu, en parfaite harmonie. Ils vécurent heureux et eurent…
Non, non, non ! Car les dettes s’accumulent rapidement et la marquise, attirée par le faste et le luxe de la Cour, décide de rejoindre Versailles.
Renommée Athénaïs (ça en jette quand même davantage que Françoise ;-) je ne vise personne!), elle charme le roi Louis XIV par sa beauté fatale et sa répartie cinglante.
Bon, ça c’est l’Histoire…

Ce qui nous intéresse, c’est ce pauvre mari délaissé, le marquis de Montespan. Et qui d’autre pour construire une légende et redorer le blason de cet infortuné cocu que Jean Teulé ?

Dans « Le Montespan », l’auteur nous apprend avec la gouaille et l’irrévérence qui le caractérisent comment le mari trompé est resté amoureux de sa femme et surtout, comment il s’est entêté à résister et défier le Roi Soleil.

Le portrait du malheureux marquis dressé par Jean Teulé est drôle et féroce, mais aussi terriblement humain et émouvant.

Et en trame de fond, une France appauvrie, affamée… alors que la noblesse s’égare dans la futilité et la frivolité.

À noter que certaines scènes anecdotiques et très crues concernant l’hygiène de l’époque m’ont bien fait rire.

JE RETIENS: Une vision originale, paillarde et cocasse de la liaison de Louis XIV avec la marquise de Montespan, en s'attachant au mari trompé.
J'OUBLIE: Je ne vois pas.

Le saviez-vous?
Sept enfants naitront de la liaison du roi Louis XIV avec la marquise de Montespan.
Le charme de celle-ci s’émousse pourtant au fur et à mesure de ses grossesses et de ses excès.
Madame de Montespan pense alors pouvoir retenir le Roi en lui présentant une petite jeunette de 17 ans, Mademoiselle de Fontanges.
Le roi en tombe effectivement amoureux mais, lorsque Mademoiselle de Fontanges accouche prématurément d’un enfant mort-né et meurt peu après, Madame de Montespan est suspectée d’avoir empoisonné sa rivale.
Il faut savoir que ce scandale éclate en pleine « affaire des poisons ». De quoi s’agit-il ?
À cette époque, plusieurs morts suspectes laissent supposer qu’il s’agit d’empoisonnements. Une psychose s’installe à Versailles. Les faits sont pourtant bien réels : des pratiques de sorcellerie, des recours à des sortilèges, la magie noire, des avortements… sont effectués pour la simple raison que l’on croyait autant au diable qu’à Dieu. Pour pactiser avec le diable, certaines cérémonies sataniques sont même organisées :
des messes noires qui se déroulaient la nuit, en secret, dans des lieux isolés, avec pour autel le corps d’une femme nue, et parfois abominablement le sacrifice d’un nouveau-né.
En 1679, des magistrats créent une juridiction extraordinaire pour traiter ces procès hors-normes, sans tapage. Les interrogatoires feront apparaitre les plus grands noms de la noblesse française.
Françoise, dite Athénaïs, de Montespan sera accusée d’avoir eu recours à des poudres aphrodisiaques destinées au roi. L’administration de poudre de mouches cantharides (à l’effet hautement aphrodisiaque, mais pas sans danger) expliquerait d’ailleurs les crises de nausées dont Louis XIV souffrit dans les années 1675-1676.
De plus, il a été avéré que Madame de Montespan aurait commandité trois messes noires, ou davantage.
Une tentative d’empoisonnement du roi et de Mademoiselle de Fontanges a réellement existé, et l’instigatrice n’était autre que la dame de compagnie de la marquise. 
Le roi Louis XIV fit tout pour étouffer le scandale.
Suite à cette affaire et délaissée par le roi, Madame de Montespan se réfugiera dans l’abbaye de Fontevrault en 1691.