Quel destin, celui d’Elizabeth Grey ! Mère de deux garçons, elle se retrouve veuve à 27 ans et dépossédée de ses terres après la bataille qui opposa le roi Henri VI, époux de Marguerite d’Anjou, au jeune duc d’York Édouard IV. Profitant de sa victoire, ce dernier emprisonne le roi Henri VI dans la Tour de Londres et prend la tête du royaume.
Elizabeth, de la lignée des Rivers, tient pour la maison des Lancastre. Il faut savoir qu’à ce moment, les Lancastre et les York s’opposent dans la succession au trône et s’affrontent dans un conflit qui fut dénommé la guerre des Roses. Toute la famille d’Elizabeth se plie donc bien malgré elle à cette nouvelle souveraineté, dont le tout jeune représentant, malgré ses 22 ans à peine, traine déjà derrière lui une sulfureuse réputation de coriace guerrier et de fieffé séducteur.
Quant à Elizabeth, elle n’est pas non plus une jeune femme ordinaire : tout comme sa mère, elle est belle, gracieuse, intelligente et de surcroit, elle possède un certain don de préscience, héritage de leur aïeule Mélusine, déesse des eaux.
La rencontre inopinée d’Édouard et Elizabeth va
bouleverser non seulement leur destinée mais déterminer l’avenir de tout un
pays et de plusieurs générations.
Pour quelles raisons ?
Car Elizabeth et Édouard, tombés éminemment amoureux l’un de l’autre, vont
contracter un mariage secret, déjouant ainsi le projet d’union avec une grande
princesse européenne, initié par le Comte de Warwick, celui qui a pris en mains
l’ascension du jeune roi yorkiste.
Et si, dans les combats, Édouard a pu bénéficier de l’appui fidèle de ses deux
frères - Georges, le Duc de Clarence et Richard, le Duc de Gloucester - cette
fraternité résistera-t-elle aux épreuves ?
Elizabeth, devenue « La Reine clandestine » va devoir surmonter affronts, complots, trahisons afin d’assumer son rôle au-devant de la scène.
Philippa Gregory, l’auteure de ce roman, nous conte un
épisode de l’Histoire anglaise qui m’a emportée. La
reconstitution historique est rigoureuse et impressionnante.
Les protagonistes
sont nombreux et je me suis égarée quelques fois entre les différentes
familles.
Quelle idée aussi avaient-ils à l’époque
d’attribuer toujours les mêmes prénoms…
Un exemple : Elizabeth a deux fils prénommés tous deux Richard (le premier
de son mariage avec Grey, le second de son union avec Édouard IV). N’oublions
pas qu’Édouard IV a lui aussi un frère prénommé Richard, que leur père, le Duc
d’York s’appelait également Richard et que leur grand-père était Richard, Comte
de Cambridge ! Vous suivez ?
Le fait que le roman est régulièrement interrompu par
la narration du conte de Mélusine ajoute une dimension fantastique qui n’est
pas pour me déplaire. De plus, cela contribue à donner du sens à l’accusation
de sorcellerie portée à l’encontre d’Elizabeth et de sa mère.
Cet ésotérisme féodal accrédite le recours à différents maléfices et
incantations.
Je termine avec le fait qu’Elizabeth aima Édouard toute sa vie et qu’elle soutint son rôle de reine avec intelligence et détermination (pour ne pas dire obstination), au détriment de sa propre progéniture (quoique… mais ne divulguons pas…)
JE RETIENS: Ce roman m'a permis de découvrir une fresque historique que je ne connaissais pas vraiment et me donne envie de lire d'autres romans de cette auteure consacrés à différents personnages intervenant dans la guerre des roses.
J'OUBLIE: Rien.
Le saviez-vous?
1) Mélusine est une fée des contes populaires du Moyen Âge qui apparait dans différentes légendes du folklore européen, c'est la fée des sources et des rivières.
La mère de Mélusine, Présine, était l'épouse du roi d'Ecosse. Elle avait demandé à son mari de ne jamais tenter de la voir lorsqu'elle était en couches. Mais celui-ci enfreignit sa promesse.
Présine s'enfuit alors dans l'île d'Avalon avec ses trois filles: Mélusine, Mélior et Palestine.
Les trois filles usèrent de leurs pouvoirs de fées pour enfermer leur père.
Cependant, la mère, Présine, jugea la punition trop sévère et jeta un sort à chacune de ses filles. Mélusine et Mélior furent également enfermées. Quant à Mélusine, sa mère lui prédit de devenir tous les samedis serpente du nombril au bas du corps. L'homme qui tomberait amoureux d'elle ne pourrait jamais la voir le samedi, sinon elle serait damnée pour l'éternité.
Plus tard, le roi des Bretons tombe fou amoureux de Mélusine et l'épouse. Elle propose dès lors un marché à son époux: si celui-ci ne cherche pas à la voir le samedi, elle lui offrira fortune et descendance. Le roi respecte l'accord et le couple aura 10 enfants dont la particularité est que chacun portera une trace du funeste sort jeté à leur mère.
2) L'expression "vouer aux gémonies" tire son origine dans la Rome antique.
Gemoniae scolae, l'escalier des gémissements, était un endroit où l'on exposait les cadavres des suppliciés. L'expression est utilisée aujourd'hui pour accabler publiquement quelqu'un et lui jeter l'opprobre.
3) Un étrange phénomène météorologique est apparu lors de la batille de Mortimer's Cross, le 2 février 1461: un parhélie. Ce phénomène optique consiste en l'apparition de deux répliques de l'image du soleil. Trois soleils semblent alors apparaitre dans le ciel.
Edouard IV utilisera ce signe comme un présage de victoire, symbolisant la Sainte Trinité.
Plus tard, Edouard IV utilisera le soleil comme emblème.
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