Quand un fonctionnaire ne sait quelle décision prendre, il dresse
presque toujours d’abord un procès-verbal, un rapport est toujours une bonne
chose. S’il ne sert à rien, il ne cause en tout cas aucun tort ; c’est un
chiffon de papier couvert de mots, qui vient s’ajouter à des millions
d’autres.
La peur est pire que le châtiment, parce qu’il est toujours déterminé,
quelle que soit sa gravité, et préférable à l’affreuse attente indéterminée qui
se prolonge à l’infini, horriblement.
…un voleur ne l’est qu’au moment précis de son vol, et non un ou deux
mois plus tard quand il répond devant les juges de son méfait ; de même le
poète n’est essentiellement poète qu’à l’instant où il crée et non quand il
récite ses œuvres devant le microphone, quelques années plus tard.
L’artiste
n’est artiste que pendant la création, le coupable n’est vraiment coupable qu’à
l’instant du délit.
Je fus pris d’une envie folle d’aller à lui, de lui parler, de lui
offrir quelque chose. Mais comment m’y prendre ? Comment l’aborder ?
Je cherchai, je me creusai la tête pour trouver un prétexte, une raison, mais
je ne trouvai rien. Nous sommes ainsi faits : réservés jusqu’à la lâcheté
quand il faudrait prendre une décision ; hardis en intention, mais
ridiculement timorés dès qu’il s’agit de franchir le mince espace qui nous
sépare de notre prochain, même quand on le sait dans le besoin.
Mais, personne
ne l’ignore, quoi de plus difficile que d’aider un homme avant qu’il n’appelle
au secours ?
Précédent
Suivant
Dans ce recueil de nouvelles de Stefan Zweig intitulé
« La Peur », seules les deux premières y font référence. Les autres
nouvelles nous rapportent des tranches de vie, des épisodes du quotidien, un
peu moins intéressants mais toujours très bien écrits.
Quant au premier récit, il relate la peur d’une
gentille et honnête jeune femme qui a commis l’erreur par ennui, de tromper son
mari. Malheureusement, elle se retrouve confrontée à un corbeau qui va la faire
chanter. L’auteur nous décrit avec art et subtilité toutes les peurs qu’elle va
endurer depuis la crainte jusqu’à l’épouvante en passant par l’angoisse, l’effroi,
la terreur…
Stefan Zweig nous délivre également quelques propos
philosophiques sur le thème de la culpabilité.
JE RETIENS: Une analyse fine de la nature humaine.
J'OUBLIE: Pas de réelle découverte, ni de surprise.