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Elle n’est pas faite pour être douce, la vie.
On a besoin de la
violence. On reconnaît la douceur après avoir eu le goût de l’amertume dans la
bouche. On a besoin de cette dureté que la vie nous inflige, parfois, pour
progresser.
Disons-le pour de bon, affrontons la vérité. J’ai peur qu’on ne m’aime
pas. Pourquoi ?
Ça fait vingt-cinq ans que je respire et je n’ai pas la moindre idée de la
réponse, j’aimerais même pouvoir effacer la question si je pouvais, mais c’est
comme ça.
Je ne peux pas. Avoir un enfant n’a rien arrangé, le fait d’être sa
maman ne m’a pas donné son amour automatiquement. Aujourd’hui, quand j’ai joué
avec elle, je me suis parfois énervée quand elle se trompait en mettant un
carré dans le triangle et maintenant, j’ai peur qu’elle m’en veuille, j’ai le
spectre de cette mauvaise mère qui se calque sur mon corps et épouse mon ombre
quand je me comporte comme ça. J’ai eu le vertige, d’un coup je suis sortie de
moi-même et je me suis vue. Je me suis imaginée en mère autoritaire en train de
contrôler ses devoirs, j’ai revu les longues heures passées dans la cuisine
alors qu’il faisait nuit, quand on me forçait à apprendre par cœur, jusqu’à la
virgule près, les pages 30 à 40 alors que le maître avait juste demandé de lire
les pages 30 et 31. Un immense vertige, celui d’être prisonnière de ce qu’on a
vécu, de reproduire sans s’en rendre compte, de venger inconsciemment et
injustement son propre cœur d’enfant meurtri.
Le désamour, c’est le drame de ma vie. J’aime toujours très fort, très
longtemps. Je sais que vous m’avez aimée, ton père et toi. Je ne regrette rien,
ni ma dévotion, ni mes larmes salées de reproches. Pour une raison, une
seule : parce que j’ai fait de mon mieux. Il y a tant à corriger en moi,
tant à nuancer, tant à oublier. Oui, je vous ai poussés dehors quand j’ai cru
que vous me repoussiez en chœur. Oui, mon cœur s’est brisé en mille morceaux.
Je suis comme ça. J’analyse ce qu’on me dit, je n’ai jamais la bonne répartie,
moi aussi, je m’émeus devant les pubs de la télé, j’adore revivre le passé et
je m’enivre des promesses de l’avenir. Mon humeur peut changer grâce à une
chanson, je crois que je ne tiens pas bien dans ce drôle de monde. L’amour des
autres m’est inaccessible, même quand on me le donne. C’est la légitimité qui
me manque, j’ai du mal à savoir pourquoi on m’aimerait.
La confiance réelle que j’ai en moi tient dans le chas d’une aiguille. Et les lambeaux
trainent par terre depuis qu’on les a réduits à néant. Tout le monde souffre.
Va voir un psy, qu’ils disaient. Ne te concentre pas sur le négatif, qu’ils
disaient. Tu sais, le monde ne tourne pas autour de toi. Ouvre-toi aux autres.
Les amoureux, les compliments, les photos flatteuses, le maquillage, les
brushings, les piercings, rien ne nous guérit du manque de confiance en soi. Il
naît d’une étincelle et se propage comme une fumée, année après année, il
s’enroule autour de nos complexes et les enveloppe comme un traître. J’ai le
cœur qui palpite facilement, je me vexe en un clin d’œil parce que je ne crois
pas en moi et j’ai toujours peur que ce soit pareil pour les autres.
J’ai passé ma vie à essayer d’être parfaite pour qu’on ne puisse jamais me
détester.
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Dommage! Je pense être passée à côté de « La couleur du
miel » de Delphine Maarek.
J’attribue cette erreur de perception de ce roman à ma forte implication à
m’être reconnue dès le début dans le personnage de Marie, la mère d’Alice.
Les échanges de mails entre Alice et Marie, alors
qu’elles ne se parlent plus depuis des années, avaient pourtant bien commencé.
Les propos sont sincères, bien pensés, rédigés avec une justesse de ton qui nous accroche une larme aux bords des yeux ou un sourire aux coins des lèvres. La prose est magnifique, facile à lire, avec un vocabulaire qui transpire la sensibilité, la fragilité, et l'amour.
Cet échange épistolaire commence délicatement et laborieusement. L’annonce de la grossesse
d’Alice et l’évocation de la maternité pour chacune d’elles laissait entrevoir
une suite plus légère.
Mais j’ai fini par ne plus comprendre ces longs
échanges qui n’aboutissent à rien et où tout semble se mélanger : les
déboires de la grossesse, les affres de l’accouchement, les craintes, les
espoirs et les joies d’être mère… Cela vire en une longue réflexion sur l’amour
maternel, et malheureusement, je n’en ai retenu que de la monotonie et de l’ennui.
Je reste sur ma faim quant à l’histoire de Marie et d’Alice. C’est un roman ou
un essai philosophique ?
JE RETIENS: Ce roman épistolaire moderne propose un échange de mails pour renouer le lien entre une mère et sa fille, voilà un sujet intéressant!
J'OUBLIE: Les réflexions s'engluent au fur et à mesure de la lecture, ça devient long, voire mièvre.
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