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La morale, c’était qu’une trentaine de serviteurs allaient quitter leur travail par la petite porte et sans indemnités. Le grand Prévôt rechignait encore.
- Nous allons faire trente malheureux qui battront longtemps le pavé pour retrouver une place qui les nourrisse.
- C’est ainsi, dit La Vrillière. Les soucis des puissants sont les catastrophes des humbles, il faut bien que quelqu’un paie les pots cassés.
Le ministre sourit à cet extrait de sagesse très politique quoique très peu révolutionnaire.
Juste en face, la Rôtisserie de la Reine pédauque avait pour enseigne une dame du Moyen Âge au front ceint d’une couronne et dont les pieds étaient palmés.
« Pédauque » : « pied d’oie » en occitan, se souvint Rose.
« Léonard ne voyait pas bien ce qu’espérait le bijoutier.
Rose et lui n’étaient pas faciles à manipuler, surtout lui.
Ils étaient retors et soupçonneux, surtout elle.
Les Comédiens-Français jouaient dans la salle des Machines du palais des Tuileries, près du pavillon de Marsan. C’étaient là qu’avaient été inventées les expressions « côté cour » (du Louvre) et « côté jardin » (des Tuileries) pour désigner la droite et la gauche de la scène.
Après avoir distribué les cartes qu’il gardait toujours dans une des poches de son habit, Léonard perdit le premier pli, le deuxième, et finalement la partie.
- Vous avez épuisé votre chance dans les salles de jeux où vous passez vos nuits, dit Rose. La mienne est toute neuve, elle n’a jamais servi : je dois tout à mon travail, à mon talent, à ma jugeotte…
- Et à votre modestie, compléta le coiffeur.
Si près du but, l’homme de la reine ne pouvait envisager de voir les diamants lui échapper in abrupto.
- Oui, dit Rose, nous risquerions de chuter in inferno.
- La confiance de Sa Majesté nous honore in extenso, renchérit Léonard.
Encore une fois, Frédéric Lenormand allie sa connaissance de l’Histoire de France à sa plume créative. Dans ce premier tome de la série « Au service secret de Marie-Antoinette », intitulé «L’enquête du Barry », nous découvrons deux étranges agents secrets nommés par la reine de France : la couturière Rose Bertin et le coiffeur Léonard !
Leur mission : retrouver les diamants dérobés à la Comtesse du Barry au règne précédent.
Ce duo de choc et tellement contrasté va tout mettre en œuvre pour accéder aux faveurs de Marie-Antoinette. Enquête rondement menée, épisodes cocasses, témoignages historiques, dialogues amusants… de quoi passer un bon moment de lecture.
Bien évidemment, ce roman, facile à lire, léger, et surtout très drôle, n'est pas à vraiment parler un roman à classer dans la catégorie "historique". Il s'agit aussi d'une enquête et d'un très bon polar! Cependant, la description des lieux, des personnages et des mœurs de l'époque (en ne tenant pas compte du burlesque de l'intrigue) a justifié à mes yeux ce classement.
JE RETIENS: La manière avec laquelle Frédéric Lenormand détourne des faits et caricature des personnages historiques pour en arriver à une enquête vraiment divertissante.
J'OUBLIE: La caricature exagérée des personnages peut agacer certains.
Le saviez-vous?
Rose Bertin est une entrepreneuse avant l'heure. Son sens des affaires et sa créativité dans le domaine de la mode lui ont permis d'ouvrir son propre magasin "Le grand Mogol", et lui ont valu les faveurs de la reine Marie-Antoinette.
Jean-François Autier, dit "Léonard", est un célèbre perruquier français. Il est à l'origine des "poufs", c'est-à-dire de gigantesques coiffures compliquées accessoirisées, qui nécessitaient une armature de fils d'acier.
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