Elsa Préau n’a rien d’ordinaire : toute petite déjà, juste après la guerre, elle « discutait » avec sa maman disparue à Auschwitz.
Plus tard, Elsa s’est mariée, est devenue institutrice puis directrice d’école. Elle a eu un fils Martin qui est devenu médecin comme son père qui, lui, est parti et a refait sa vie au Canada. Les liens sont très tendus entre Elsa et Martin. Est-ce dû à l’éducation très stricte et hors normes qu’elle lui a prodiguée ?
Nous la retrouvons aux portes de la vieillesse et à la sortie d’un séjour en maison médicalisée. Martin et Elsa pensent qu’elle est apte à pouvoir revivre seule dans sa maison, pour autant qu’elle suive bien les traitements recommandés : médicaments et visite hebdomadaire à son médecin.
Mais Mamie Elsa pense souvent à Bastien, son petit-fils qu’elle ne voit plus. Et elle reproche à Martin d’avoir renoué avec son ex-femme, celle qu’elle tient pour responsable de la disparition de Bastien.
Ces dissensions font que Mamie Elsa est souvent seule… Alors, elle s’occupe comme elle peut : elle lit beaucoup et se documente ; elle entretient une correspondance aussi riche que variée (aux autorités, à Martin, à elle-même) ; et puis elle observe ses nouveaux voisins. D’ailleurs, pourquoi ce couple en apparence normal, et dont les deux enfants turbulents ne cessent de se chamailler, ne laisse sortir un troisième enfant que le dimanche ? Et pourquoi cet enfant à l’allure négligée parait si frêle, si apathique ? D’ailleurs, sa seule occupation consiste à agencer les cailloux de la cour.
Tout se mélange dans la tête d’Elsa Préau : l’enfant aux cailloux, Bastien, les chats porteurs de puces, les souris qui ne cessent d’envahir l’étage… Mamie Elsa prend-elle bien ses médicaments ? Ou est-ce ceux-ci qui altèrent sa perception ? Mamie Elsa n’a plus qu’une idée en tête : sauver Bastien, heu non, sauver « L’enfant aux cailloux » !
Dans ce roman, Sophie Loubière nous entraine dans un suspense où dès le début, l’on doute de la santé mentale d’Elsa. L’auteure nous tient en haleine et la cohérence du récit ne se dévoile qu’avec le dénouement.
Ce livre traite habilement de plusieurs thèmes dont le principal est bien sûr la maltraitance infantile mais il aborde aussi celui de la démence sénile. Pour ma part, ce qui m’a interpellée, c’est le fait qu’il pose question sur le courage, la responsabilité d’assumer certains de ses actes.
JE RETIENS: Un excellent suspense. Des thèmes difficiles abordés avec beaucoup de sensibilité.
J'OUBLIE: rien.