Ce que Barnabé ignorait, c’est que le mariage est plus compliqué que ça.
S’il avait continué sa lecture d’Histoire du concubinage et des activités de couple, il aurait pu découvrir ceci : « Certaines personnes pourraient conclure qu’il suffit de regarder ensemble dans la même direction pour ne pas avoir de problème dans son mariage. Elles n’auraient pas complètement tort. Mais il est aussi fortement conseillé de bien se tenir la main ! Cela afin de pouvoir, à l’occasion, se regarder l’un l’autre. Car, même pendant le mariage, il faut toujours se regarder un peu l’un l’autre. Sinon, il est difficile de savoir où va l’autre, vu que vous ne le regardez pas. Dans certains couples qui ne se regardent plus l’un l’autre, les accompagnants vont dans des directions différentes sans même s’en rendre compte. Il arrive aussi parfois que certains ne s’aperçoivent pas que la personne à côté d’eux a changé et qu’elle n’a plus envie d’aller dans la même direction. C’est pourquoi tenir fermement la main de votre partenaire vous permet d’éviter un trop grand éloignement. Si vous sentez votre bras s’étirer, cela veut dire que votre partenaire s’éloigne. Il sera donc temps de passer un moment à vous regarder l’un l’autre afin de vous mettre d’accord sur la nouvelle direction à prendre. »
« Les fiançailles sont une période de temps variable durant laquelle vous devez vérifier la personne qui vous accompagne. Cela afin d’éviter tout problème lors du mariage. La vérification inclut plusieurs tests de qualification que vous devez faire passer à la personne vous accompagnant. Ces tests cherchent à évaluer les capacités de la personne vous accompagnant dans deux cas de figure : lorsqu’il vous arrive le meilleur et lorsqu’il vous arrive le pire. Durant cette période de vérification, il est conseillé aux deux personnes ayant prévu de se marier de se regarder l’une l’autre. Afin de valider les tests, il faut se regarder de très près, sous tous les angles. Cela afin d’être sûr que la personne en face de vous est bien la personne en face de vous. » Extrait du classeur Histoire du concubinage et des activités de couple. Pour Barnabé, cela paraissait stupide. « Se regarder l’un l’autre, c’est une perte de temps, se disait-il. C’est évident que la personne en face de moi est la personne en face de moi ! Pas besoin de se regarder pendant des mois !
« - Je vais grimper tout seul, répondit Barnabé, il va falloir que tu restes ici.
Je reviendrai te chercher plus tard.
- Ah non ! s’énerva Roselyne. Nous sommes mariés !
C’est pour aller ensemble dans la même direction ! Je grimpe avec toi !
- Mais il n’y a plus de pioches ! dit Barnabé avec dépit.
Et je n’arriverai jamais à te porter !
- Même si je me fais toute petite ?
Barnabé regarda Roselyne, surpris par ce qu’elle venait de dire. Roselyne s’assit en tailleur dans le plus parfait silence. Elle prit de grandes inspirations et, au bout de quelques secondes, se mit à rapetisser. Sa taille se réduit à tel point qu’elle devint minuscule ! Barnabé n’en croyait pas ses yeux !
Où avait-elle appris à faire ça ? Par quel miracle y arrivait-elle ?
Pour aider Barnabé à comprendre, le perroquet rouge à noeud papillon jaune se mit à réciter de sa voix la plus claire : « Se faire tout petit est rrréservé à peu de gens. Il faut savoir être sage, fairrre preuve de beaucoup de patience et être trrrès généreux. Carrr il faut d’abord penser aux autres plutôt qu’à soi. Rrrester petit demande beaucoup de courrrage et de concentration. Il faut être grrrand de cœur pour y arriver. Malheurrreusement, peu de gens s’en rendent compte, carrr, lorsque vous vous faites tout petit, ils font moins attention à vous. »
- Et vous aussi, ça fait longtemps que vous êtes ici ? demanda Barnabé.
- « Longtemps » me parait être une notion fort rudimentaire, répondit la femme-chien bleue, mais pour être plus précise, je pense qu’on peut l’appliquer à ma situation. Je vis ici depuis que j’ai construit cet endroit.
Enfin, comme j’étais ici pour construire cet endroit avant qu’il n’existe – puisqu’il était obligatoire qu’il n’existe pas pour que je le crée -, on ne peut considérer le « ici » qu’à partir du moment où la construction fut terminée. Je suis donc ici depuis plus longtemps qu’ici ne l’est.
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Lorsque j'ai découvert le livre "Barnabé et la Tour d'ivoire", la surprise fut plurielle :
- Les Editions Pourpenser d’abord que je ne connaissais pas, mais qui sont une mine de ressources en matière de littérature jeunesse et développement personnel.
- L’auteur ensuite, Nicolas D. Morillon, dont l’écriture fluide, teintée d’humour, donne au récit du dynamisme et de la fluidité, malgré un niveau de langage assez soutenu pour des enfants ; un auteur prometteur en découvertes…
- L’illustrateur Baptiste Puaud qui nous livre des dessins collant parfaitement au style du récit et donnant furieusement envie de les colorier.
- Enfin, l’histoire ! Et quelle histoire ? Celle de « Barnabé et la Tour d’ivoire ».
Barnabé est un jeune garçon qui en a vraiment marre que personne ne retienne son nom de famille : Barnabé De Mont Moulin D’Escalope Sur Jus De Groseille. Il est évident qu’avec un nom comme le sien, il est un être exceptionnel ! Comment faire pour que tout le monde soit au courant ?
Il faut absolument que son nom figure sur les drapeaux du pays, et pour cela il décide de se rendre à la Tour d’ivoire, le haut lieu qui décide de la fabrication des drapeaux. Évidemment, ce n’est pas si simple… Barnabé va devoir affronter divers obstacles et s’opposer à différentes personnes ainsi qu’à des systèmes autoritaires dont la complexité et l’absurdité vont renforcer sa détermination. Mais Barnabé va aussi rencontrer plusieurs personnages qui vont l’aider dans sa quête. Va-t-il réussir à imposer son nom ?
Lorsque j’ai commencé ce roman, j’ai replongé en enfance en faisant abstraction de ma logique d’adulte, condition indispensable pour accompagner Barnabé dans ses aventures.
En effet, ce conte philosophique oscille entre le monde imaginaire d’Alice au Pays des Merveilles et le symbolisme du Petit Prince. Comme Alice, Barnabé présente un personnage assez rigide.
Comme le Petit Prince, il apprend à réfléchir sur les rapports à autrui.
Vous l’aurez compris, Barnabé et la Tour d’ivoire présente plusieurs niveaux de lecture et s’adresse donc autant aux enfants qu’aux adultes, par la réflexion qu’il suscite.
JE RETIENS: Une jolie histoire empreinte de symbolisme et pleine de sagesse.
J'OUBLIE: Je pense que les "petits" enfants ne comprendront pas vraiment l'histoire, et les plus "grands" n'adhéreront pas forcément au personnage. Le public est difficile à cibler.
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