Suis-je compétente pour rédiger cette critique ? Je ne suis ni linguiste, ni anthropologue, ni ethnologue, ou que sais-je encore… et rien ne me prédisposait à lire « Avant nous le déluge ! L’humanité et ses mythes » de Jean-Loïc Le Quellec, qui aborde l’émergence des mythes, ainsi que leur dispersion depuis nos origines.
C’est pourtant avec un grand intérêt que j’ai dévoré cette « petite » brique qui ne s’est pas révélée si indigeste qu’elle ne m’avait paru au départ, car non seulement j’en ai retiré pas mal d’enseignements, mais cette lecture m’a également permis d’accroitre ma capacité d’observation et de recul. J’en suis ressortie avec une perception de notre monde contemporain (surtout avec les événements de ces derniers temps) non pas différente, mais sûrement plus nuancée, plus prudente, voire plus subtile.
Dire que cette lecture fut jouissive (tel que l’indique la 4ème de couverture) ne fut clairement pas mon cas. Soyons honnêtes. Certains passages me parurent particulièrement longs et ennuyants. Un exemple pour que vous me compreniez (lol) :
À propos des oiseaux aquatiques migrateurs… « Ils migrent alors en suivant la Voie lactée, dite Lodde-raiddaras en same, linnunrata en finnois et linutee en estonien, toutes appellations qui se traduisent par « le chemin des oiseaux », mais on dit aussi kapk komba koma en mari et zozek-tuj en komi, c’est-à-dire « chemin des oies sauvages » ou encore Uj-xul minna l’ox, « chemin des oiseaux aquatiques » en vogul, etc. »
Évidemment, l’auteur fait preuve (et parfois étalage ici) de son immense niveau d’expertise dans son domaine privilégié. D’autres que moi (entendez « moins ignares ») y reconnaitront un de leurs pairs.
Mais pourquoi n’ai-je pas raccroché dès lors, pensez-vous ? C’est que l’intelligence des constatations et des réflexions de Le Quellec ne peut que nous interpeller, voire nous remettre à notre place. Ainsi lorsqu’il décrit notre cartographie et notre vision européano-centrée :
« Le propre de l’ethnocentrisme étant de se voir soi-même au centre du monde, sur une telle carte, nul ne s’étonne en France de voir ce pays placé tout juste au milieu, alors que cette position est tout-à-fait arbitraire. »
Ce livre dépasse ensuite largement l’explication de l’universalité des mythes car il va bien au-delà de la thématique annoncée. « Avant nous le déluge ! » nous amène à considérer notre monde d’aujourd’hui sous le regard de son auteur observant et constatant que certaines personnes, certaines organisations puisent dans des anciens textes sacrés des éléments susceptibles de nourrir leur propre idéologie. Ainsi : « À mesure que passent les années, ce type de processus a présidé à la naissance de divers mouvements qui, à priori, ne semblent pourtant présenter rien de commun les uns avec les autres, comme la scientologie, Hare Krishna, le satanisme, la néo-sorcellerie ou le néo-paganisme de tendance Wicca. Mais la liste pourrait s’allonger, n’en déplaise aux uns et autres, jusqu’à inclure des organisations fondamentalistes, racistes, d’extrême droite, ou islamistes. »
Pour conclure et répondre à ma question initiale, j’espère n’avoir pas déformé les propos de Jean-Loïc Le Quellec, ni les avoir réduit à quelques citations. Si tel devait être le cas, veuillez pardonner ma faible compétence à construire une chronique objective et élaborée. Je voulais simplement vous dire que cet ouvrage s’adresse aux initiés aussi bien qu’à tout un chacun, soucieux de mieux percevoir notre humanité.
JE RETIENS: Un ouvrage intéressant qui m'ouvre une perspective différente du monde.
J'OUBLIE: Les passages beaucoup trop pointus pour mon niveau.
Le saviez-vous?
Le Turul, emblème dont s'est emparé l'extrême-droite contemporaine (notamment sous forme de tatouage) est un oiseau mythologique d'origine magyar, entre l'aigle et le faucon. Selon la mythologie hongroise, il est un messager de Dieu veillant sur les esprits des enfants à naître.
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